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5 petites histoires pour 10 bonnes raisons… mais pas seulement

5 petites histoires pour 10 bonnes raisons… mais pas seulement

En avant-première de la sortie de l’ouvrage, « Tout va bien mais…10 bonnes raisons d’aller voir le psy » aux Editions Mardaga, faites connaissance avec Anne-Marie, Mathieu, André, Lise, et Bastien, qui, comme d’autres ont décidé de s’ouvrir à eux-mêmes.

Vignettes :

N° 1 

« Je n’ai pas de quoi me plaindre… »

Rien à signaler dans la vie d’Anne-Marie. Pourtant, depuis quelques temps, elle n’est plus la même, son mari en témoigne. Des sautes d’humeur plus fréquentes, moins de sorties, moins d’envie, moins de plaisir. La vie a perdu de sa saveur mais elle ne sait pas pourquoi…Pourtant, il ne se passe rien de spécial, il n’y a rien à signaler, sa vie est la même depuis 30 ans, à quelques détails près….Alors, quel est le problème ? La rationalisation fait son œuvre et donne lieu à un discours banalisant et lisse. Comment être entendue lorsque l’on ne s’écoute pas soi-même ? Doit-on forcément prêter attention aux petits changements discrets d’humeur, de comportement, qui ne portent pas à conséquences, si ce n’est gâcher les moments de vie dont nous profitions auparavant ? C’est ce que se dit Anne-Marie, qui n’a pas de quoi se plaindre. Toutefois, si l’on prête une oreille attentive à ces petits riens qui tarissent son quotidien, si et seulement si, on peut entendre l’amorce d’une question, à laquelle, elle pourrait répondre.

N° 2

Mais au fait, quelle est la question ?

Mathieu est sur tous les fronts. Artisan, il fait un métier de passion. Récemment propriétaire, il se charge des travaux de sa maison. Père de trois enfants jeunes, il use de ses horaires flexibles pour prendre en charge les fins de journée, sa femme, assurant, elle, le mercredi et le week-end. Depuis quelques temps, rien ne va plus ; son dos le fait souffrir, le rythme imposé, de plus en plus pesant, se fait sentir. Son état inquiète sa femme, ce qui le pousse à consulter son médecin. Il prend des antalgiques, qui le soulagent de moins en moins. Fatigué, il fait des examens complémentaires, puis, à défaut de résultats concluant, multiplie les rendez-vous de spécialistes et thérapeutes divers. Etant à son compte, il ne se permet pas de se reposer, l’enjeu du chiffre d’affaires étant au centre de ses préoccupations. Sa femme, de son côté, évoque son besoin de passer un peu plus de temps avec lui, le week-end, mais aussi, le désir de mettre un terme à ces travaux qui n’en finissent plus… Mathieu ne sait que répondre, ni comment faire, sinon soigner ce corps. Mathieu est pris dans une triple injonction : devoir prendre soin de lui, mais aussi, assurer son chiffre d’affaires, et finir les travaux. Comment répondre sans analyser les éléments du problème ? Quel est le coût de la réponse à celui-ci ?

N°3

Est-ce bien nécessaire ?

C’est ce que se demande André, 65 ans. Ancien cadre, André a eu une carrière professionnelle bien remplie et a débuté avec plaisir sa nouvelle étape de vie, remplissant son agenda par de multiples activités sportives et culturelles. Récemment, sa femme remarque qu’il a moins d’entrain à anticiper les voyages et sorties qui, jusqu’il y a peu, le rendaient heureux. Elle observe aussi des oublis, de mots, de prénoms, et un moindre intérêt pour les autres. Surprise par le peu d’élan dont il fait preuve à l’occasion du choix d’une villégiature, elle lui propose « d’aller voir quelqu’un ». « Qu’est-ce que je vais aller faire là-bas ? lui répond André, je n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de truc, il y a des choses plus graves ». André n’a pas le temps de prendre le temps de s’interroger sur ce qui lui arrive, dans cette période de changement importante de sa vie. Sa première réaction va être d’évacuer le problème qu’il peine néanmoins à masquer et de courir le risque de laisser s’enkyster la situation.

N°4

Lise a beaucoup « travaillé sur elle-même ». De ses morceaux successifs de travail psychothérapeutique, elle exprime avoir grandi, mais, néanmoins, se sentir toujours « petite dans sa tête ». En effet, elle a expérimenté différents types de thérapies, de psychologues, de psychothérapeutes, sans que ces démarches ne s’inscrivent dans la durée : elle « n’accrochait pas », ou déménageait, ou se sentait mieux et les interrompaient soudainement. La raison de sa venue aujourd’hui est qu’elle peine à trouver « l’âme sœur », « la perle rare », et va d’histoires en histoires sans que les hommes qu’elle rencontre ne lui conviennent. Si l’on peut raisonnablement se poser la question de ce qu’elle cherche, ou attend d’un homme, cette question vient en résonnance avec la manière dont elle s’inscrit ou non dans une relation, qu’elle soit affective ou thérapeutique. Aussi, qu’en est-il de sa recherche de l’impossible et de son engagement dans toute forme de relation ?

L’épuisement professionnel : s’épuiser à lutter versus lutter sans s’épuiser

L’épuisement professionnel : s’épuiser à lutter versus lutter sans s’épuiser

Le Burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel est un terme large qui renvoie à l’existence de signes cliniques non spécifiques. Le contexte auquel il est rattaché est l’environnement professionnel, et, dans sa définition initiale, aux particularités de la relation professionnelle soignante. Freudenberger (1974) le définit comme un « état de fatigue ou de frustration lié à l’engagement dans une cause ou un type de vie ne donnant pas le type de satisfaction attendue ». Cette définition met l’accent sur l’engagement dans une voie professionnelle pouvant faire « vocation » pour l’individu. Initialement réservée aux aidants, l’expression s’est étendue jusqu’à désigner un syndrome représenté par des signes cliniques réactionnels à l’existence d’un stress chronique. Sans s’attarder trop sur les signes du syndrome d’épuisement professionnel, rappelons néanmoins que l’on observe la présence de symptômes somatiques, psychiques, et comportementaux variés (perturbations de l’humeur, irritabilité, agressivité, pleurs, mises en danger – conduites à risques, conduites addictives…) et frappants par leur apparente banalité. Ces troubles apparaissent ainsi au premier plan des relations entretenues par l’individu avec les autres acteurs de son environnement professionnel et personnel. De plus, la fatigue souvent chronique, la lassitude, ou les maux de têtes et troubles digestifs divers, troubles du sommeil (insomnies, mais aussi hypersomnies) en sont des expressions, tout comme l’apparition répétée de maladies somatiques, témoignant ainsi d’un terrain physiologique favorisant et fragilisé. La fatigue, par exemple, liée à l’engagement du sujet dans son activité professionnelle, est celle du corps. Mais elle est aussi celle de l’esprit, marqué par une lassitude et un sentiment de vide qui concourent à faire du burn-out l’expression d’une souffrance subjective. Aussi, sous des expressions banales se cache une souffrance intense dont l’épuisement émotionnel, le sentiment de dépersonnalisation (lié à ce qui se modifie chez l’individu qu’il ne reconnait pas, mais aussi, à celui qu’il devient dans l’accomplissement de sa tâche), et la perception d’une perte de réalisation de soi sont les signes (Maslach et coll., 1996).

Mais, avant tout, ce dont le burn-out (épuisement lié à la surcharge de travail et au stress chronique induisant une forme d’ « intolérance acquise »), le bore-out (épuisement lié à la vacuité induisant une perte de désir), et maintenant, le brown-out (épuisement lié à l’absurdité du contexte, des demandes professionnelles, induisant une perte de sens) témoignent, c’est de la consumation d’un individu face à un système incohérent ou perçu comme tel.

L’association entre le stress chronique et le syndrome d’épuisement professionnel, s’était vu essentiellement rattachée, jusqu’à ces dernières années, à l’environnement professionnel et ses exigences vis-à-vis de l’individu (cf. modèle Karasek et Theorel, 1990).  La santé mentale est envisagée comme le résultat d’un équilibre entre les exigences au travail et liées à celui-ci (surcharges, efforts, exigences…) et les ressources de l’individu en situation (ressources physiques, psychiques, sociales, organisationnelles). Si le travail ici est conçu comme une cause d’épuisement professionnel, il est aussi un lieu d’accomplissement personnel et source de réalisation. C’est justement ce qui est en jeu dans le conflit psychique qui anime l’individu en souffrance. L’épuisement émotionnel acteur majeur du processus d’épuisement professionnel apparait lié au sentiment de désespoir (vécu par l’individu en souffrance au travail), alimenté par la perception d’un écart entre des efforts élevés pour satisfaire aux exigences du travail (surinvestissement), mais aussi, des récompenses intrinsèques et une satisfaction du besoin de compétence faibles (voir article de C. Nicolas, P. Desrumaux, M. Séguin, G. Beauchamp (2016). Environnement de travail, symptômes dépressifs et sentiment de désespoir : étude auprès de salariés. Le travail humain, 2, 79).

Le besoin de compétences au travail est relevé, avec le besoin d’autonomie et d’affiliation (relations interpersonnelles), comme l’un des besoins fondamentaux permettant la satisfaction au travail (voir Deci & Ryan, 2000). Les modalités de réponses produites par l’organisation à ces besoins des individus ne sont pas sans lien avec l’expression clinique de stress chronique et la souffrance vécue, sans pour autant que cela soit reconnu par l’individu lui-même. Nombreux sont, en effet, les témoignages de patients ayant succombé au burn-out sans s’y attendre, ni avoir repéré (ou eu conscience) de signes précurseurs.

Au-delà des expressions cliniques, le syndrome d’épuisement professionnel est d’abord le produit d’une rencontre entre un individu et un environnement et le signe d’un déséquilibre ou d’une perturbation de l’équilibre physiologique et psychologique. La dissonance émotionnelle et cognitive impliquée tant dans le rapport que l’individu entretient au travail que dans son rapport à lui-même et ses attentes de réalisation personnelle, sont autant facteurs de vulnérabilité. Il apparait que les facteurs de risques se situent à différents niveaux (individuels, collectifs, organisationnels, interpersonnels) et peuvent ainsi être rattachés, selon les caractéristiques individuelles, à plusieurs domaines de vie.

Actuellement, le burnout « contamine » d’autres secteurs ; ce terme recouvre aujourd’hui la description d’une situation clinique avec la présence d’un épuisement émotionnel (assèchement émotionnel), physique et psychique, marqué par un écart entre les attentes d’un individu et ce que le milieu lui demande et lui offre (ce qu’il en retire comme bénéfices subjectifs). Les types de burn-out ont tendance à se multiplier avec l’apparition du burn-out « maternel », burn-out « familial », burn-out « des aidants », burn-out sportif.

L’implication subjective dans le travail  comme dans la vie– non pas en tant que telle, mais selon ses modalités, en d’autres termes, la manière dont l’individu s’implique – est ainsi une source d’hyperactivité épuisant les ressources physiques et mentales de l’individu et conduisant à la perception d’une temporalité réduite. Par ailleurs, il est difficile de faire l’économie d’un regard tourné vers la société contemporaine et les valeurs véhiculées dans la culture, le groupe ou l’organisation. Elles peuvent aussi, et c’est là, l’occasion d’un autre conflit interne, être en inadéquation avec les valeurs individuelles et conduire au sentiment de l’individu d’être « pris en otage », ce dernier tentant de concilier l’inconciliable.

Déterminer les facteurs de stress, repérer les signes précurseurs d’épuisement, faire le tri dans ce qui nous lie au travail tout autant que les ressources disponibles ou restant à développer, est ainsi un préalable à engager pour lutter contre l’épuisement professionnel. Le maintien et le développement des ressources psychiques, émotionnelles, physiques et sociales est une condition de réussite, c’est-à-dire, une condition à la sortie de ce processus. Autrement dit, le burn-out n’est pas une fatalité.

Les ateliers Therasens s’inscrivent dans un objectif de prévention, de même que les actions de formations en Prévention des risques psycho-sociaux que propose l’Institut. Les packs burn-out permettent eux, de tourner la page de l’expérience clinique vécue.