Le Burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel est un terme large qui renvoie à l’existence de signes cliniques non spécifiques. Le contexte auquel il est rattaché est l’environnement professionnel, et, dans sa définition initiale, aux particularités de la relation professionnelle soignante. Freudenberger (1974) le définit comme un « état de fatigue ou de frustration lié à l’engagement dans une cause ou un type de vie ne donnant pas le type de satisfaction attendue ». Cette définition met l’accent sur l’engagement dans une voie professionnelle pouvant faire « vocation » pour l’individu. Initialement réservée aux aidants, l’expression s’est étendue jusqu’à désigner un syndrome représenté par des signes cliniques réactionnels à l’existence d’un stress chronique. Sans s’attarder trop sur les signes du syndrome d’épuisement professionnel, rappelons néanmoins que l’on observe la présence de symptômes somatiques, psychiques, et comportementaux variés (perturbations de l’humeur, irritabilité, agressivité, pleurs, mises en danger – conduites à risques, conduites addictives…) et frappants par leur apparente banalité. Ces troubles apparaissent ainsi au premier plan des relations entretenues par l’individu avec les autres acteurs de son environnement professionnel et personnel. De plus, la fatigue souvent chronique, la lassitude, ou les maux de têtes et troubles digestifs divers, troubles du sommeil (insomnies, mais aussi hypersomnies) en sont des expressions, tout comme l’apparition répétée de maladies somatiques, témoignant ainsi d’un terrain physiologique favorisant et fragilisé. La fatigue, par exemple, liée à l’engagement du sujet dans son activité professionnelle, est celle du corps. Mais elle est aussi celle de l’esprit, marqué par une lassitude et un sentiment de vide qui concourent à faire du burn-out l’expression d’une souffrance subjective. Aussi, sous des expressions banales se cache une souffrance intense dont l’épuisement émotionnel, le sentiment de dépersonnalisation (lié à ce qui se modifie chez l’individu qu’il ne reconnait pas, mais aussi, à celui qu’il devient dans l’accomplissement de sa tâche), et la perception d’une perte de réalisation de soi sont les signes (Maslach et coll., 1996).
Mais, avant tout, ce dont le burn-out (épuisement lié à la surcharge de travail et au stress chronique induisant une forme d’ « intolérance acquise »), le bore-out (épuisement lié à la vacuité induisant une perte de désir), et maintenant, le brown-out (épuisement lié à l’absurdité du contexte, des demandes professionnelles, induisant une perte de sens) témoignent, c’est de la consumation d’un individu face à un système incohérent ou perçu comme tel.
L’association entre le stress chronique et le syndrome d’épuisement professionnel, s’était vu essentiellement rattachée, jusqu’à ces dernières années, à l’environnement professionnel et ses exigences vis-à-vis de l’individu (cf. modèle Karasek et Theorel, 1990). La santé mentale est envisagée comme le résultat d’un équilibre entre les exigences au travail et liées à celui-ci (surcharges, efforts, exigences…) et les ressources de l’individu en situation (ressources physiques, psychiques, sociales, organisationnelles). Si le travail ici est conçu comme une cause d’épuisement professionnel, il est aussi un lieu d’accomplissement personnel et source de réalisation. C’est justement ce qui est en jeu dans le conflit psychique qui anime l’individu en souffrance. L’épuisement émotionnel acteur majeur du processus d’épuisement professionnel apparait lié au sentiment de désespoir (vécu par l’individu en souffrance au travail), alimenté par la perception d’un écart entre des efforts élevés pour satisfaire aux exigences du travail (surinvestissement), mais aussi, des récompenses intrinsèques et une satisfaction du besoin de compétence faibles (voir article de C. Nicolas, P. Desrumaux, M. Séguin, G. Beauchamp (2016). Environnement de travail, symptômes dépressifs et sentiment de désespoir : étude auprès de salariés. Le travail humain, 2, 79).